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Le blog de la névrosée
15 juillet 2020

Move in the right direction

Dire à M. assise sur le canapé juste en face de moi qu'elle est belle. La faire rire, "merci... pourtant il y a des jours où je me trouve vraiment pas terrible".

Cela fait donc deux mois que je me suis exilée chez M., en Helvétie, après une grosse dispute avec mon père, où on s'est mis d'accord sur le fait que nous ne souhaitions plus jamais nous revoir.

C'est très très bizarre. Le temps a passé incroyablement vite. Des tas de choses me sont passées par la tête. J'ai pleuré des dizaines de fois le soir, en marchant, sur le chemin (pentu) entre les bureaux de ma boîte que je squatte ici et la maison de mes amis que je squatte ici. J'ai écouté des chansons tristes qui m'ont rappelé des choses et j'ai pleuré encore plus, en essayant très fort de retenir mes larmes et de ne pas arriver avec les yeux rougis. 

Ecrire ici ce soir, assise sur le canapé, avec M. en face de moi, son mari à gauche et l'une de leurs filles à droite me fait l'effet d'une boucle bouclée. Je trouve ça incroyable de l'avoir connue il y a QUINZE ans grâce à mon tout premier bébé blog (quand ma mère était malade) et de me retrouver maintenant à écrire une note sur mon bébé blog dans son salon. La vie est folle, hein ?

Et depuis deux mois, je passe par tous les états possibles. J'ai été heureuse et désespérée. J'ai été jalouse de leur vie de famille qui me semble si parfaite, même si je ne suis plus tout à fait aussi naïve qu'à 15 ans et que je sais qu'ils ont aussi des problèmes. Je suis probablement encore un peu jalouse parfois. Depuis deux mois, M. me présente systématiquement à ses amis et à sa famille que je ne connais pas encore comme étant "c'est lanévrosée, c'est quasiment ma fille adoptive". Elle a fini par me demander si cela me gênait, à force de me voir froncer les sourcils à chaque fois. J'ai dit que non mais que je trouvais ça un peu bizarre, même si j'étais toujours très flattée. Tout à l'heure, pour rire, et après deux jours de road trip avec une de leur filles, j'ai dit à M. que j'allais l'adopter (sa fille). Elle n'a pas compris ce que je disais et elle a répondu "mais toi tu as déjà été adoptée". Je pourrai en parler avec ma psy pendant des heures, de cette relation un peu bizarre que j'ai avec ces gens, cette famille de fous avec le coeur sur la main, cette femme qui m'a tenu la tête hors de l'eau pendant des mois/années. J'ai découvert la vie en collectivité. J'ai regretté, parfois, de ne plus avoir ma vie de solitude. Rentrer chez moi le soir et n'avoir à parler A PERSONNE. 

Et puis, j'ai toujours ces interrogations. Rester ici, trouver un job, avoir un salaire bien plus intéressant ? Rentrer en Sudafriquie, retrouver mes amis, mes habitudes, MES FRINGUES, ma vie ? Aller ailleurs ? Je ne sais plus... Je ne sais pas ce que je veux faire. Je ne sais pas quand il sera possible de retourner en Sudafriquie et ça me pèse terriblement. J'ai l'impression d'être une SDF, de ne pas avoir ma maison, mes affaires, mes habitudes... Je sais que c'est maigre quand des gens sont malades et perdent leur boulot. Je le sais. Mais parfois, j'ai le coeur au bord de mes lèvres et je voudrais juste me mettre en boule et attendre que ça passe. 

Dans la suite de "la vie est folle, hein ?", il y a DIX ans tout pile, je recevais les résultats de mes concours ! La vie est folle, hein ? Et c'est fou ce que le temps passe vite.

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