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Le blog de la névrosée
17 avril 2020

Ghost Town

Je ne sais pas trop pourquoi je fais ça, écrire ce qui s'est passé pour tourner la page, garder une trace des bons moments et m'en souvenir un de ces jours, juste pour me garder la tête sous l'eau un peu plus longtemps, me prouver que c'est effectivement bien arrivé et que je n'ai pas inventé cette histoire, éviter de reproduire les mêmes erreurs encore et encore ? Je ne sais pas. 

Je l'ai connu sur Tinder, deux jours avant mon départ pour le Rwanda. J'avais bien aimé son prénom, je le trouvais très beau et sa description me faisait rire. Il avait bien aimé... mes jambes. J'avais retiré la photo de ma tête après avoir réalisé le nombre de mes collègues qui utilisaient aussi cette application. On a commencé à parler et il me faisait rire. Il m'a dit "it is funny, I was telling my mom I should be dating a French lady". La veille de mon départ, le soir, alors qu'on discutait sur WhatsApp, il m'a envoyé un message pour me demander "can I phone you?". J'avais été tentée de répondre "no" car je suis (j'étais ?) une grosse asociale qui déteste le téléphone. Mais il m'intriguait. Et j'avais envie d'entendre sa voix, alors j'ai dit "sure". "I hope my Afrikaans accent was not too strong", "I hope my French accent was not too bad!". C'était rigolo. Je n'étais pas encore partie qu'on avait déjà décidé de dîner ensemble à mon retour.

Quand j'étais au Rwanda, on a échangé des messages tous les jours. Il m'avait conseillé de lire I am Pilgrim pendant mes vacances, ce que j'ai fait. C'était un très bon conseil, j'ai dévoré ce livre. Je lui envoyais des photos des collines, il m'envoyait des photos de cricket, je lui envoyais des photos de gorilles, il m'envoyait des photos de ses enfants, je lui envoyais une photo de moi au sommet d'un volcan (après une randonnée où j'en ai bien chié ma race mais ce n'est pas le sujet - en plus on était accompagnés par une escorte militaire parce qu'à la frontière avec la RDC - mais ce n'est pas non plus le sujet), il m'envoyait une photo de lui dans son bain (juste ses molets, hein), je lui envoyais une photo de mon verre de vin blanc au coin de la cheminée, il m'envoyait une photo de son verre de vin rouge sur le canapé. Et comme ça pendant 10 jours. Je lui racontais mes journées, mes galères de passage de frontière, mes aventures dans les bus locaux où j'étais la seule mzungu, et où parfois j'étais serrée pendant 3 heures contre une vitre avec mon gros backpack sur les genoux et le petit entre mes jambes, avec ma grosse voisine qui faisait peser tout son poids sur moi dans les virages à gauche - et au Rwanda, ça tourne beaucoup -, mes rencontres avec des gens, ma chambre en Ouganda, ma chambre avec cheminée à Ruhengeri (qu'il aurait aimé allumer pour moi), mes doutes, mes envies, mes joies. Il me racontait ses journées, le boulot, le sport, les enfants, la maison, son ex-femme, ses dessins, ses amis, son frère en Australie, ses envies, ses prochains voyages, ses craintes, son divorce et sa descente aux enfers, son envie de rebondir. J'étais heureuse de partager ça avec lui, à distance, d'apprendre à le connaître. Il me demandait si j'écrivais dans mon journal de bord. Il m'avouait être anxieux à l'idée qu'on se rencontre, il avait peur que je sois déçue. J'ai trouvé ça touchant.

Et je suis rentrée en Sudafriquie un mercredi. Le jeudi soir, il pleuvait des trombes d'eau. Il m'a demandé si je préferais aller au restau ou si un plan pizza et chill me convenait. Il avait réservé une table dans un restaurant sympa à côté de chez lui, dans un coin de la Joburdie où je n'avais jamais mis les pieds (et pourtant, j'en avais entendu beaucoup de bien). J'ai commandé un Uber et je lui ai demandé s'il voulait que je passe le récupérer avant d'aller au restaurant. Il m'a dit de le rejoindre chez lui (je sais que ma psy me dirait que je suis complètement irresponsable) et qu'on irait au restaurant ensemble avec sa voiture après. Il m'a accueillie au portail, avec un minuscule parapluie rose qui était à sa fille. On s'est dit bonjour avec le hug habituel sudafricain et on est rentrés chez lui. Il m'a servi du vin, j'avais rapporté un saucisson qu'un ami parti en France pour Noël m'avait offert, "what is that?", "like biltong, but better". Il m'a prêté un livre qu'il avait chez lui en me disant qu'il pensait que ça me plairait beaucoup (je l'ai fini la semaine dernière - ça m'a beaucoup plu). On a discuté une heure sur le canapé et c'était comme si on se connaissait depuis très longtemps. Il n'y avait pas cette gêne typique d'une rencontre entre deux inconnus. On s'est mis en route pour le restaurant, il m'a ouvert la portière de sa voiture. J'ai trouvé ça mignon parce que je suis une idiote sensible aux détails. J'ai pris la boîte de mouchoirs qui était sur le siège passager et l'ai déplacée ailleurs, on a ri à l'idée qu'il pleurait seul dans sa voiture. "Jeez, it is for the kids". Le dîner était parfait. Le restaurant était très chouette, les plats étaient top, je me moquais de lui et de l'absence de légumes dans son régime alimentaire (boer, boer), une playlist de Coldplay est passée en boucle toute la soirée, la compagnie était excellente. On a beaucoup ri. Il était tel que je pouvais le supposer à lire ses messages. "I feel like I have known you for a long time", "Yes, it is weird, me too". On est retournés chez lui après le dîner. Il nous a servi du vin et j'étais dans le salon quand il m'a apporté mon verre. Je lui ai demandé si je pouvais l'embrasser. Il a ri et répondu "huh, yeah!" en reposant mon verre sur un meuble. J'en avais eu envie toute la soirée. J'en avais déjà eu envie au Rwanda. Il m'a dit "oh, you kiss so lovely" et on s'est embrassés très longtemps. On est allés dans sa chambre et on a fait l'amour sur son lit énorme. Je suis repartie chez moi au milieu de la nuit. Je voulais rester mais je refuse de dormir n'importe où si je ne peux pas me démaquiller et me brosser les dents. Il m'a envoyé un message peu après mon départ, il m'appelait "my gorgeous Gwen". Il m'a souvent appelée comme ça après, et rien qu'à l'écrire, je peux encore très clairement entendre sa voix et son intonation dans ma tête.

Le lendemain, je suis allée marcher dans le parc que j'adore et il m'a demandé de le rejoindre chez lui après. Ca n'avait pas été possible pour je ne sais plus quelle raison. Le soir, il est venu chez moi après avoir couché les enfants. Sa mère passait la nuit chez lui. Quand il est reparti, tard dans la nuit, je me suis rendu compte trop tard qu'il avait oublié sa montre chez moi, elle était restée sur le comptoir. "I did it on purpose, Gwen. I wanted to leave something for you. I wanted you to have something from me and I want to have something of you with me too.". Ca m'a un peu fait fondre. Le lendemain matin, un samedi, il a pretexté devoir aller régler un truc pour le boulot et s'est échappé de chez lui pour venir m'offrir des fleurs. Ca m'a un peu fait fondre aussi. Et il a récupéré sa montre. Ensuite, parfois, je lui demandais quand il pourrait revenir "sign some papers" chez moi. Il me disait "there is a reason why we have met". Le lendemain, il est allé déposer un de ses enfants à un anniversaire et a fait un détour par chez moi juste pour me voir 10 minutes et m'embrasser. Il me demandait quel type de chocolat j'aimais et m'en offrait la fois suivante.

La semaine suivante, il m'a dit "I think you need to grab a bag and spend the night at my place". Et on a fait ça. J'ai rempli une petite valise avec des fringues de rechange pour le lendemain, des affaires de toilettes, un maillot de bain et je l'ai retrouvé chez lui après le boulot. Il m'a demandé "When are you finishing? I want to see you!". La première fois où j'ai dormi chez lui, il a préparé le dîner et je me suis régalée. A 20h, le loadshedding est arrivé et on s'est retrouvés dans le noir. On a dîné à la lumière des bougies et il m'a fait sourire en disant "this is actually perfect". Je le pensais aussi. Le lendemain, je suis allée au bureau directement depuis chez lui. Il m'a envoyé un "I miss you already" juste après mon départ. Moi aussi. Il m'a demandé si je voulais revenir chez lui le soir même. Of course. Je lui ai dit "I could get used to that, you know? Sleeping with you, going to work and seeing you again in the evening." Je suis repassée chez moi, j'ai remis d'autres fringues propres dans ma petite valise et je suis retournée chez lui. Je me suis garée derrière sa voiture et quand il m'a dit "I am going to move your car for you so we can use mine later when we go out", j'ai trouvé ça mignon et irritant. "You know I can do it right? I can move my own car around". Nos différences culturelles m'ont toujours beaucoup fait sourire. Les Boers sont très traditionnels, en fait, même s'il n'était pas un Boer typique. On a dîné au restaurant et j'en garde encore de très bons souvenirs. Il me faisait rire en menaçant de commander une pizza aux anchois (sérieusement, y'a vraiment des gens qui mangent ça ?). J'adorais la façon qu'il avait de pencher la tête pour venir m'embrasser. "I think the ladies behind you are a bit jealous of us", "Of course they are, you are so handsome, le Boer". Deux jours après, il devait venir chez moi. J'étais allée faire des courses après le boulot et il pleuvait beaucoup. J'avais passé LA JOURNEE à me dire "oulala, il pleut, ça doit glisser partout". Et ça n'a pas manqué. En rentrant dans mon bâtiment, les pieds mouillés sur le carrelage, j'ai glissé et je me suis retamée COMME UNE MERDE juste en bas des escaliers. J'avais mon sac à main, mon sac d'ordinateur, mon sac de courses et je suis tombée sur les fesses (en me disant que j'aurais pu mourir et me cogner la tête sur la première marche). J'avais mal, j'avais eu peur et j'ai commencé à pleurer comme une débile. Mon esprit névrosé a commencé à réfléchir à des trucs du genre "non mais s'il m'arrive quelque chose de grave ici, QUI s'occuperait de moi ?" (personne). Le Boer est arrivé et m'a rassurée. Le loadshedding est arrivé et on est allés au restaurant (globalement je me rends compte qu'aller au restaurant est probablement ce que je fais le plus). Je boîtais. On a pris un Uber. Il pleuvait des seaux. Je ne pouvais pas courir. Il est resté avec moi et m'a donné son bras pour que je m'y accroche. Il m'a beaucoup parlé de son ex, ce soir-là. Et il a dormi chez moi.

Le lendemain, je suis allée voir le médecin pour mon pied blessé dans la chute de la veille. J'ai été arrêtée pour la journée. Et j'avais pour indication de ne pas trop appuyer sur mon pied le week-end. Ca tombait bien, je passais le week-end chez lui. Il m'a dit que je pouvais aller chez lui quand je le voulais, même s'il n'était pas là. Je lui ai dit que j'aurais besoin d'aide pour tirer ma valise. C'était un week-end tout doux. Samedi matin, il m'a préparé le petit-déjeuner, j'ai proposé de tartiner de beurre sa tranche de pain et il a refusé "you don't know how to do it". J'ai souri et dit "ok". Je lui ai montré comment on coupe et mange une mangue. Il m'a dit "there is that restaurant I want us to try for lunch" et c'était parfait. On a regardé des films l'après-midi, on a lu (bon en vrai j'étais assise par terre et lui sur le canapé et je passais plus de temps à le regarder qu'à lire), il a fait un feu dans la cheminée le soir, on a bu du vin et on a parlé, parlé, parlé. Il m'a montré des photos de quand il était enfant. Il était beaucoup trop mignon et je comprends pourquoi ses enfants sont aussi beaux. Il m'a raconté sa vie, son enfance, grandir dans l'Apartheid, son adolescence, ses amis, ses bagarres, ses cicatrices, son-ex, son mariage, son naufrage. J'étais toujours impressionnée par sa transparence et son honnêteté. On a regardé du rugby et je m'amusais de ses réactions. On a beaucoup, beaucoup fait l'amour. C'était vraiment un joli week-end. Je suis retournée chez lui le lendemain soir. Et on a continué comme ça jusqu'à la fin de mon contrat. On en a vraiment profité pour se voir autant que possible. Pas les mercredi, parce qu'il avait les enfants. Et un week-end sur deux, quand il avait les enfants, on se voyait tard le soir. Mais c'était bien. Je faisais ma vie, il faisait sa vie et on se voyait quand c'était possible. Au bout de quelques semaines, il m'a avoué que ça lui pesait quand même, cette double vie. Etre avec les enfants et puis être avec moi. Il m'a dit que si je n'avais pas à partir en Capetownie, il m'aurait invitée chez lui un week-end où il avait ses enfants, pour que je les rencontre. Mais il ne voulait pas les perturber de trop en les faisant me rencontrer maintenant si je devais partir peu après. Et puis, il me disait "I don't know if I would be able to not being affectionate with you". Ca m'allait très bien. Je voulais rencontrer ses enfants mais pas tout de suite. Et j'ai vite compris qu'être seul l'angoissait. Je sentais à sa voix et à ses messages qu'il détestait ces moments de solitude après le départ de ses enfants. J'adorais passer du temps avec lui. "I like it too, Gwen. No, actually, I love it".

Mon rapport avec le sommeil est assez particulier et un rien suffit à déranger mes habitudes. Je ne supporte pas le bruit, ça me rend dingue et ça m'empêche de dormir. Le bruit d'une horloge, d'un frigo, des ronflements, des voisins bruyants, tout ça me file des angoisses terribles. Je dormais parfois dans la chambre d'amis quand j'étais encore avec B., quand il était enrhumé ou qu'il avait trop bu et qu'il ronflait. J'ai toujours pensé que faire chambre à part était le "début de la fin" d'un couple mais quand même dormir avec boules quiès ne suffit pas, je préfère m'exiler et grapiller quelques heures de sommeil. J'ai détesté dormir avec l'Herpétologue, j'aurais dû y voir un signe. C'était tout bonnement insuportable. La première nuit passée ensemble, c'était au Zimbabwe et aucune solution de repli possible. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. J'ai cru que j'aurais pu le tuer le lendemain matin quand il m'a dit avoir mal dormi. Bref. J'étais anxieuse à l'idée de dormir avec le Boer, il m'a dit qu'il ronflait un peu parfois, mais qu'il préférerait rester éveillé toute une nuit et me garder près de lui plutôt que de me voir dormir dans un autre lit. Ca m'a aussi un peu fait fondre. Je n'ai, je crois, jamais aussi bien dormi que lorsque l'on dormait ensemble. On en plaisantait, son lit est tellement confortable, il me disait que c'était la seule raison pour laquelle je dormais aussi bien. Lui aussi avait un rapport avec le sommeil compliqué et était fréquemment réveillé vers 2h du matin sans pouvoir se rendormir avant 5h. Il m'a aussi dit qu'il n'avait jamais aussi bien dormi qu'avec moi. On s'endormait dans les bras l'un de l'autre. Et on finissait par se recoller dans la nuit. Si je me réveillais à un moment et qu'il était loin, je venais me recoller contre son dos en passant mon bras autour de lui. Il prenait généralement mon bras pour venir le presser contre son torse. En y repensant, ce n'était pas toujours très confortable mais le nez dans sa nuque, je m'en foutais et je me rendormais.

Il me disait avoir hâte de partir à l'aventure avec moi. On faisait des listes de toutes ces choses qu'on aimerait faire ensemble. Il me disait adorer la manière dont je le regardais. On faisait des plans. Je lui parlais de mon retour, temporaire (hahaha), en France. Il me disait qu'un mois sans me voir serait trop long et qu'il viendrait me rendre visite et qu'on irait en Suisse ensemble. Il me disait penser à moi all the time et adorer ça. "Gwen, I do feel like a teenager". On s'envoyait des chansons à écouter. On s'est rendu compte qu'on adorait Muse tous les deux. Il était sur la terrasse et je venais me presser contre son dos, je l'entourais de mes bras et embrassais son cou. "Oh Gwen, this is so nice.". "You bring the best out of me, I love that there is so much depth in you. I do feel so calm with you around". On aime tous les deux regarder les étoiles. Un soir, je lui ai montré l'application Map of the Sky et il a sorti un matelas qu'il a installé sur le stoep et on a regardé les étoiles ensemble. Et on a fait l'amour dehors. Et tout était si bon, si simple. Il m'a offert des boucles d'oreilles pour la Saint Valentin. Il m'a demandé si je voulais partir au Mozambique avec lui, pour son anniversaire et avant de repartir en France. On a du se doucher dans la piscine un matin où l'eau était coupée, on a beaucoup ri (bon pas trop sur le moment parce que l'eau était gelée mais après c'était drôle). J'ai fait une soirée pour mon pot de départ avec mes collègues proches - que des hommes. Le Boer nous a rejoint et c'était une excellente soirée. Je me souviens m'être éclipsée à un moment, j'étais toujours assise mais je n'écoutais plus les conversations, et je les regardais tous en me disant à quel point j'étais reconnaissante de les avoir dans ma vie, tous, à ce moment-là. 

Je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qui s'est passé. Ce qui a merdé. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Est-ce que c'est juste ce qu'il se passe ? Je m'attache à des gens et ils partent ? Je m'attache trop à des gens, plus qu'eux ne s'attachent à moi, et je brise mon propre coeur ? Je crois ce que les gens me racontent et je me déçois moi-même ? Pourquoi est-ce que les gens disent A un jour puis B le lendemain ? Pourquoi les gens ne sont-ils pas aussi constants que moi ? Est-ce que tout ça n'a aucun sens ? Est-ce qu'il faudrait ne pas y attacher d'importance ? Est-ce que je suis mauvaise au point que personne ne peut m'aimer plus de trois mois ? Au fond, je sais que je ne suis pas responsable de tout ça, que le contexte est merdique pour tout le monde, mais ça ne rend pas les choses plus faciles malheureusement. Mais je m'en remettrai. Encore. Mais j'ai comme l'impression de perdre un petit bout de mon âme à chaque fois (drama queen). Et la confiance en les gens qui va avec. Et la légèreté. Est-ce que je ne vais pas finir par devenir amère et cynique (too late) ? 

C'est probablement très décousu et avec peu de sens. J'oublie forcément des choses dont j'aimerais me souvenir à un moment. Il y a tant et plus à dire encore. Il y aura sans doute une part 2 à cette note. Et puis, il faudra encore tourner la page. 

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