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Le blog de la névrosée
26 septembre 2020

Many too many

J'adore aller à la salle de sport. Je suis devenue une gym freak. Je ne me souviens plus exactement quand cela a commencé. Je crois que c'était fin 2014, après la signature de mon CDI à La Réunionie, B. et moi nous étions inscrits dans une super salle de sport près de chez nous. Bref, donc, cinq ans après, je ne me suis pas lassée et je reste admirative devant la machine corps humain et tout ce qu'elle est capable de faire pour peu qu'on l'entraîne à peu près régulièrement. 

J'adore la musculation. Si je pouvais tout recommencer, je crois que je deviendrais coach sportif. J'adore ces moments où il n'y a que moi, les poids, les machines et mon corps. J'ai vraiment l'impression que c'est l'un des seuls moments où je débranche mon cerveau et je n'"overthink" plus, je suis bien trop concentrée sur mes mouvements, sur ma respiration, etc. Je n'ai plus le temps de penser au bordel qu'est ma vie. Il va sans dire, donc, que je vais à la salle pour... faire du sport. Je sais, ça tombe sous le sens mais j'ai vraiment l'impression que d'autres y vont pour sociabiliser, rencontrer des gens, faire un demi-exercice et passer 30 minutes sur Instagram en ne quittant pas la machine, se regarder dans les miroirs, etc. Moi, je suis une sauvage, je ne regarde personne (il faudra que je vous parle un jour de ma myopie sélective - si, si, ça existe), je ne suis pas là pour me faire des amis, je ne suis pas là pour discuter, je ne dis même pas bonjour, même à des gens que je croise trois fois par semaine. Enfin non, c'est faux, je regarde les gens quand ils ne me regardent pas. J'évite les contacts visuels. Mais je les regarde, je les observe, bien sûr.

Et il y avait ce couple, lui la cinquantaine, elle plus jeune, lui très grand, les cheveux blancs, bien bâti, musclé, un je-ne-sais-quoi de militaire dans l'allure et la démarche, une aisance, elle petite, brune aux cheveux longs très bouclés, une machine de guerre aussi, tout en contrôle dans ses mouvements. Bref, ils m'impressionnaient. Evidemment, je ne leur ai jamais dit bonjour. B., lui, poli et "normal", les saluait. Et on parlait d'eux parfois. Je ne sais plus comment on les a surnommés mais on savait facilement que c'était d'eux dont il était question.

Un jour, en juillet 2015, j'ai eu un accident de voiture assez sérieux. Un scooter est venu s'encastrer dans l'avant de ma la voiture de B., j'ai cru l'avoir tué (et j'en avais déjà parlé ici). Les pompiers ont été appelés, les policiers ont été appelés, la dépanneuse est arrivée (au bout de trois heures) et la voiture a été emmenée dans un garage. Le lendemain, je suis allée chez le médecin - j'étais surtout choquée mais j'avais aussi mal au dos et il fallait vérifier si je n'avais rien de cassé. B. m'a accompagnée pour faire des radios et pendant que j'attendais dans la salle d'attente, il s'est absenté pour aller au garage où la voiture avait fini car le garagiste avait besoin de je ne sais plus quel papier pour l'assurance. B. est revenu au bout d'une heure (je n'avais TOUJOURS pas passé ma radio)(spoiler alert : je n'avais rien de cassé - si ce n'est mon moral) avec un grand sourire en me disant "tu ne devineras JAMAIS".

Inutile de te dire, cher lecteur, chère lecteuse, que je n'avais pas très envie de jouer aux devinettes. J'avais mal partout (surtout à mon moral - même si je savais déjà que le scootériste s'en était tiré avec de simples égratignures) et je voulais rentrer à ma maison après cette radio dont l'attente allait très certainement finir par me tuer. B. a précisé "tu ne devineras JAMAIS qui est le boss du garage où la voiture est". Je n'avais toujours pas très envie de jouer.

"C'est le type de la salle, le grand mec, le vieux beau et sa copine !"

Le monde est-il donc SI PETIT ? A La Réunionie, oui, évidemment. Donc, il a fallu affronter la honte de n'avoir jamais dit bonjour à ces deux personnes. Et j'ai survécu car le ridicule ne tue pas. Et puis j'avais d'autres choses auxquelles me raccrocher, c'est tout l'avantage d'avoir eu un accident de voiture, on peut parler d'autre chose que du fait d'être une grosse sauvage asociale. Et il a fallu attendre l'avis de l'expert pour savoir si cela valait le coup de faire réparer la voiture vu le coût des réparations à envisager. Et puis il a fallu attendre que la voiture soit réparée, je crois que ça a pris plus d'un mois. En attendant, le garage nous a prêté une voiture, puis ma nouvelle boss m'a prêté une voiture, puis on a retrouvé notre carrosse.

Et on est devenus amis avec le boss du garage et sa copine. Et après ça, je leur disais même bonjour à la salle de sport.

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